EST, Les Couleurs du Temps
1995- 2002
Depuis près de huit ans, Laurent Gueneau arpente les pays de l’Est pour réaliser des images en grand format dont la composition rigoureuse annihile tout esprit documentaire. Les architectures et les intérieurs constituent un prétexte à l’élaboration d’une écriture photographique très personnelle. Chacune de ses photographies repose sur la précision du cadrage et de l’angle de vue et une grande maîtrise de la couleur et de la lumière. Portes, fenêtres et balcons font surgir lignes verticales et horizontales et perspectives complexes pour former un juste équilibre. Ni photographe d’architecture, ni photographe de paysage, Laurent Gueneau parvient ainsi à imposer sa vision propre de ce sujet pourtant maintes fois abordé en photographie ces dernières années.
Sophie Bernard
IMAGES mag
décembre 2004
Les images sans paroles
Je me méfie du langage. Il permet tout, même de ne plus ressentir.
Dans mes moments photographiques, je me laisse guider par l’émotion.
Je laisse les images venir. Si l’émotion est fausse, l’image est ratée.
Je cherche la parole qui m’exprime. J’aime faire l’économie des mots.
Le système soustractif
Au principe d’accumulation, je préfère le système soustractif. Abandonner une
image s’avère parfois plus important que de s’en accommoder une fois de plus.
La boîte noire
J’utilise une chambre photographique. Cet appareil, plutôt lourd et encombrant, nécessite
quelques minutes de mise en place avant de pouvoir enregistrer une image. Face à l’instantanéité de l’émotion, je m’accorde grâce à cet instrument, un temps de répit. Cette image m’est-elle nécessaire ?
La réalité comme support
Une véranda éblouissante dans la nuit, un panneau publicitaire comme oublié inondé de lumière, cela suffit bien pour chaque jour. C’est même beaucoup ; voir ce qui est, être ce que je vois.
L’initiation d’un nouveau jour
A chaque image l’espoir d’un pas ; comme dans la chansonnette « deux pas en avant, un pas en arrière… »
La dualité
Entre le noir et le blanc, je cherche la couleur. Les contrariétés s’accordent bien. Tout est question d’équilibre.
L’origine
Ce n’est que face à la photographie que je peux interroger mon regard.
Laurent Gueneau
janvier 2003