RÉSIDENCE DE CREATION
dans le cadre du Festival URBI § ORBI
Biennale de la Photographie et de la Ville à Sedan
Edition n°4 – 2008
Commissaire d’Expositions : Jacqueline Salmon et Françoise Morin
La question des rapports entre nature et urbanisme se présente le plus souvent comme une alternative, un choix exclusif entre nature et culture. A moins que ce « entre » ne signifie l’instauration d’un entre-deux qui ménagerait une présence de la nature dans la ville. Non un lieu réservé mais une ouverture générale de l’urbain aux manifestations de la nature.
Hormis la végétation domestiquée des parcs et jardins qui relève plus de l’ingrédient décoratif que du surgissement tellurique, la nature sous sa forme « sauvage » se présente en ville comme une force de résistance, incontrôlée, tantôt envahissante, tantôt résiduelle, mais toujours opiniâtre et invaincue.
A Guangzhou en Chine, à Bombay ou à Paris, Laurent Gueneau est allé à la rencontre de ce végétal séditieux. Embusqué derrière un mur ou sous un échangeur d’autoroute, rivalisant parfois avec l’architecture, prenant possession du moindre terrain laissé vacant, des interstices les plus inhospitaliers la végétation réaffirme partout sa vitalité intacte, son pouvoir d’adaptation face au béton et à l’asphalte. Le photographe, silencieusement, posément, prend note de cette aspiration à la lumière, de cet élan vital. Arpentant la ville, il plante sa chambre grand format partout où l’émotion le conduit, dans ces zones incertaines et oubliées où la ville et la nature semblent parvenues à quelque secret accord de non-agression réciproque. En arbitre de cette trêve – qui n’est chaque fois que provisoire – Laurent Gueneau se plait à rêver d’une harmonie entre l’organisation préconçue du bâti et l’élan incontrôlable de la nature. Question de nature est d’abord une interpellation visuelle adressée aux hommes de la cité.
Jean-Christian Fleury
Catalogue Urbi & Orbi, 2008.